Posté par Yann Essabe, le 29 juillet 2024
L’ancienne ministre déléguée aux Affaires étrangères (dernier poste occupé) s’est éteinte à l’Hôpital des Armées du PK 9, laissant sa famille et ses proches dans la désolation.
Par Yann Essabe
En ce samedi du 13 juillet 2024, Guidouma, petite bourgade située à quelques encablures de Fougamou, s’était curieusement drapé d’un voile noir au petit matin. Les femmes de ce village du chef-lieu du département de Tsamba Magotsi, connu pourtant pour leur aise matineuse, ont plutôt affiché une attitude vespérale. La nature et les humains s’étaient joints à cette atmosphère de deuil.
En effet, leur fille, leur sœur, leur mère, leur tante, Yolande Christiane Nyonda, a, ce jour-là, jeté son dernier souffle dans la moiteur de l’Hôpital des Armées du PK9, à Libreville, suite à une affection médicale. Au-delà de ce village, son bled d’origine, elle a fait un parcours scolaire, universitaire, administratif et politique exceptionnel. Cette diplômée de HEC et du Centre d’études financières, économiques et bancaires (CEFEB) de l’Agence Française de Développement (AFD), a mis ses compétences au service de son pays avec des états de service uniques.
Que ce soit dans l’administration publique ou parapublique, comme secrétaire générale du ministère du Budget, les résultats ont toujours été au rendez-vous, à la grande satisfaction des usagers et des hautes autorités de la République. Le projet sur le nouveau système de rémunération (NSR), dont elle assurait l’organe technique en tant que secrétaire général du ministère du Budget, des Comptes publics et de la Fonction publique, chargé de la Réforme de l’État, pour ne citer que cet exemple, a été un grand succès. Ces réussites justifient sa promotion et sa présence dans les gouvernements successifs de l’ancien régime déchu.
Sur le plan politique, elle a fait ses premiers pas en 2005 avec le Mouvement " Les Femmes cadres ", qu'elle a cornaqué avec maestria, dont la mission première fut de rassembler les femmes intellectuelles et cadres du pays, jusqu’alors réticentes vis-à-vis de la chose politique, autour du défunt Président de la République, Omar Bongo Ondimba, candidat à sa propre succession lors de l'élection présidentielle de novembre 2005.
En effet, grâce à son sens de la répartie, et à travers un discours construit, elle avait su convaincre la gente féminine universitaire, médecins, cheffes d’entreprises et hauts cadres d’accompagner et de soutenir le candidat Omar Bongo Ondimba. Formée et aiguillonnée à l’école de ce dernier, ajouté à un environnement familial qui la prédisposait déjà, elle va creuser son sillon politique dans la mare aux caïmans du département de Tsamba Magotsi.
Militante du Parti démocratique gabonais (PDG), elle est restée fidèle jusqu'au bout à ses idéaux et y a pris du galon. Celle que les populations de son giron politique appelaient affectueusement « Maman Yo » a su gagner leurs cœurs grâce aux nombreuses actions caritatives, de bienfaisance et de promotion sans parti pris, de l’élite et de la jeunesse du cru dans la haute administration.
Militante engagée pour la cause de la femme, grand commis de l’État et, par-dessus tout, mère de famille inépuisable, Yolande Nyonda laisse orphelins, cinq enfants et un compagnon éplorés, ainsi qu'une République qui assiste, impuissante, au départ de cette fine fleur qui n’avait pas encore totalement déployé tout son génie au service de son pays et de l'émancipation de la femme gabonaise. Car, en effet, on retiendra de Yolande Nyonda le souvenir d'une féministe dans l'âme, qui a toute sa vie publique durant contribué à briser, pour les femmes gabonaises, quelques plafonds de verre.
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29/07/2024 à 06:50
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